Architectes: Pierre Pinsard, Hugo Vollmar, Jean Prouvé(ingénierie)
L'église saint Luc est édifiée en 1967 au cœur du quartier du Breil, à l'ouest de Nantes. Construite à une époque ou la liturgie évolue, celle-ci privilégie d'avantage la participation des fidèles a l'église et développe de nouveaux principes de construction des lieux de culte, les signes traditionnels de l'architecture sacrée (clocher, voûte, porche) disparaissent.
L'association diocésaine de Nantes, à l'origine du projet, fera appel à l'architecte Pierre Pinsard, peintre, décorateur et architecte, il est l'auteur d'importantes réalisations à caractère religieux, la plus part de celles-ci sont aujourd'hui reconnues au titre d'architectures remarquables du XX siècles. Pierre Pinsard sera accompagné par son associé Hugo Vollmar ainsi que l'ingénieur Jean Prouvé. Jean prouvé, pionnier de l'architecture modulable et le développement des techniques de production de masse, est sollicité sur ce projet afin de concevoir le système des cloisons escamotables qui équipera l'église.
Cette église est unique en son genre et fut une véritable innovation à son édification. Du point de vue social et philosophique, à l'opposé des préceptes de la liturgie classique, l'église s’ouvre à la vie profane et ses locaux doivent pouvoir servir à d’autres usages que le culte. Sur le plan architectural, c'est un édifice très épuré, avec un minimalisme qui répond au souhait de simplicité et de renouveau de l'Église catholique.
Très sobre et discret à l'extérieur, le bâtiment se présente sous la forme d'un parallélépipède rectangle d'une surface de 850 m2. Son originalité réside dans l'agencement de la grande salle du rez-de-chaussée entièrement modulable. Le dispositif qui permet de moduler les différents espaces selon les usages, est constitué d'un ensemble de cinq cloisons escamotables qui coulissent verticalement . Quand elles sont descendues en glissant le long des poteaux pour disparaître dans le sous-sol, la grande nef, avec ses 758 places et le chœur, ne font qu'un. Lorsque celles-ci sont relevées, seule la chapelle de semaine de 50 places est accessible. Enfin, grâce aux cloisons mobiles, l'autel et les fonts baptismaux peuvent être cachés et isolés du reste de la salle qui devient alors salle de réunion pour les laïcs.
L'église Saint-Luc a reçu le label « Architecture contemporaine remarquable » en 2014. Aujourd'hui celle-ci remplie toujours ses vocations malgré plusieurs changements dans son agencement et son utilisation, il est également forcé de constater que malgré son architecture innovante et son originalité, elle passe aujourd'hui inaperçue. Le système de cloisons escamotable, très rarement utilisé, est aujourd'hui en partie dysfonctionnel, l'église dans son ensemble montre également des signes d'infiltrations d'eau, accusant le poids des années, son avenir semble incertain.
Écrits tirés d'un article de Irène Gillardot pour la Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole, réadapté.