Le souffle du port
Le port du Havre se retrouve désert à la nuit tombée, ou presque, quelques pécheurs et les dockers qui prennent leur service sont les seules personnes qu'on peut y croiser. Dans cette vaste zone ou toutes les activités semblent en suspens, au loin, le bruit sourd des usines nous rappelle qu'elles ne s'arrêtent jamais totalement. En explorant ce port, il s'y dégage rapidement un sentiment de solitude. On se retrouve face à des architectures utilitaires, usées et des objets anonymes, comme les milliers de conteneurs qui transitent autour du monde avant de finir au rebus. Ils se retrouvent ensuite utilisés pour constituer les murs de sites logistiques accueillant d'autres conteneurs, qui a leur tour subiront la même destinée. Tout est conçu pour être efficace et remplaçable, comme nous le rappelle une impressionnante horde d'engins de chantiers. Après avoir fait disparaître des lieux historiques et emblématiques du port, ils préparent le terrain pour le renouveau de celui-ci ; un site de production d'éoliennes. A la fin de sa construction, celui-ci devrait être témoins de la destruction de la centrale et ses emblématiques cheminées. En explorant cette zone, en m'y arrêtant, en observant, j'essaie de représenter cette ambiance industrielle figée à la nuit tombée. Cela en la mettant en lumière grâce à ce contraste entre l'éclairage de la lune et celui des lampadaires. Derrière ces scènes gelées le temps d'une nuit, ou d'une année, on peut apercevoir le furtifs ballet des grues à conteneurs et les voitures de service des terminaux pétroliers, qui filent dans la nuit noire. Au fur et à mesure de mes venues sur le port, cette zone industrielle m'a semblé de plus en paisible, calme, accompagné par le bourdonnement des moteurs des navires et le clapotis des vagues contre les bouées, comme une douce mélodie. Celle-ci a depuis rythmé mes sessions d'explorations photographiques et j’ai maintenant toujours hâte de revenir photographier le port et ses perpétuels changements, immobiles à la nuit tombée.